Lorsque j'étais en activité, notre quartier général était un bar: "chez Marie Louise", qui était alcoolique (Marie Louise) et qui aimait voir les hommes ivres; d'ailleurs, à la fin de la journée, il était inutile de commander quoi que ce soit qui était hors d'atteinte du tabouret où elle se tenait.
Avec mon frère aîné, qui aimait bien la bonne chère, nous allâmes visiter Saint Emilion, avec, en préambule, un gueuleton dans un restaurant du coin; par malheur -pour lui- il commença ces agapes en se rinçant l'intérieur au whisky.
Ensuite, nous nous arrètâmes à Montagne Saint Emilion pour acheter du vin, mais il était déjà incapable de quitter sa voiture: il était dans un état second.
Parfois je suis fourbe: incapable d'aller plus loin, il stationna sa voiture sur la place non loin de chez Marie Louise; je l'y entrainai donc, et je commandai un mélécasse en précisant "pour mon frère, il est malade"; la sorcière comprit le message et lui servit ce délicieux breuvage dans un grand verre (au lieu d'un verre à alcool fort); il trouva ce mélange si délicieux qu'il en commanda plusieurs autres, sans se douter de la supercherie.
J'eus toutes les peines du monde à le ramener chez moi, tant ses jambes trahissaient son intempérance, dont, je l'avoue, j'étais complice.