La deuxième année de cette guerre perdue, le marché noir s'organisa; des gens, au péril de leur vie, allaient à la campagne chercher des animaux qu'ils découpaient sur la table de leur salle à manger et vendaient à prix d'or.
Ceux qui n'avaient pas d'argent devaient continuer à supporter la famine imposée par l'ennemi; il fallait se rendre dans un appartement, frapper d'une manière convenue et l'on pouvait se procurer de la viande découpée un peu n'importe comment.
Les autres devaient faire la queue interminablement pour acheter des poissons hideux, il y avait aussi du pâté de poisson, du pâté d'abats, toutes choses abominables, mais c'était tout ce que l'enemi leur laissait à manger; manger, se chauffer comme on pouvait, -ce premier hiver fut particulièrement rigoureux- c'était la seule solution à peu près acceptable. 